Le Pont Coppet

Il a été construit sur l’ordre du Duc de Savoie Charles-Emmanuel 1er qui régna de 1580 à 1630 (soit 50 ans !) pour améliorer la liaison Chambéry-Genève.

Bien que, depuis 1559, Turin ait remplacé Chambéry comme capitale, la route entre Chambéry et Genève reste très fréquentée.
Avant la construction du Pont Coppet il fallait, pour aller de Rumilly à Vallières-sur-Fier, passer par Hauteville-sur-Fier où un pont sur le Fier existait depuis longtemps. La construction du Pont Coppet fait gagner 5 kilomètres ce qui est très important pour les habitants de Thusy, St Eusèbe, Versonnex, Menthonnex, Clermont et Vallières lorsqu’ils doivent venir à Rumilly car ils se déplacent à pied, ou en voiture à cheval.

Sur le plan historique, il faut signaler que le Pont Coppet, fraîchement construit, vit passer en mars 1629 les armées françaises avec à leur tête Louis XIII et Richelieu en personnes. Cela à cause de la guerre déclarée en 1627 à la France par Charles-Emmanuel 1er pour une histoire de mariage raté entre le marquis de Monferrat (en Italie) et la petite fille du Duc de Savoie. Les Français profiteront de leur avancée en Savoie pour démolir plusieurs châteaux. La paix est signée en 1631 par Victor Amédée 1er beaucoup plus pacifique que son père. Les français évacuent la Savoie. La forteresse de Pignerol, située sur le versant piémontais est donnée au Roi de France Louis XIII. Cela n’est qu’un exemple de l’histoire mouvementée des Etats de Savoie qui se terminera en 1960.

Pour en revenir au pont, il faut souligner l’architecture remarquable pour l’époque : une seule arche de 22.50 mètres d’ouverture et 4.85 mètres de largeur. Le tablier se trouvait à 17 mètres au-dessus de l’eau. La base des piles se voyait sauf en période de hautes-eaux. La largeur entre les parapets est de 4.05 mètres. On peut voir les gargouilles pour évacuer les eaux de pluie, les chasse-roues pour éviter le contact des moyeux des roues des attelages avec le parapet et à peu près au centre du pont, le blason des états de Savoie sculpté ainsi que la date de construction 1626. Ce blason devenu le drapeau savoyard (croix blanche sur fond rouge) date des premières monnaies frappées par le Comte Humbert III (1148-1189) qui voulait que tous ses sujets se rappellent que son père, Amédée III, avait participé à la 2ème croisade aux côtés du Roi de France Louis VII.

Aujourd’hui le tablier est à 14 mètres et quelques centimètres au-dessus de l’eau. L’ancrage des piles ne se voit plus car le niveau du lit a monté de 2.60 mètres environ (ensablement, dépôt de graviers) peu à peu à partir de 1928, date de la mise en service par E.D.F. d’un barrage situé en aval : barrage qui a créé une retenue d’eau importante et changé l’hydraulique du torrent.

A partir de 1950, l’état du pont s’est dégradé. Les dernières investigations ont montré en 1997 que le travail de sape des matériaux charriés par le courant avait démoli à sa base la pile de l’arche côté Vallières-sur-Fier sur plus de deux mètres. Le pont ne reposait plus que sur une pile et menaçait par conséquent de s’effondrer en cas de crue exceptionnelle par exemple (le débit du Fier peut monter jusqu’à 700 m3/seconde à cet endroit). Bien qu’ayant perdu beaucoup de son importance à partir de 1864 (construction du Pont Mottet), le Pont Coppet gardait un grand intérêt : patrimoine de l’Albanais, liaison privilégiée entre Vallières-sur-Fier et Sâles… Les deux communes ont décidé de sauver le pont à condition d’avoir les aides financières nécessaires du Département et aussi de la Région et de l’Etat. L’opération « Restauration du Pont Coppet » fut lancée lorsque l’attribution de ces aides fut certaine.

La restauration de l’ouvrage s’est faite en plusieurs étapes :

  1. Etudes de l’entreprise Fondasol pour l’évaluation des travaux à faire pour la reconstruction de la base de la culée rive droite (côté Vallières-sur-Fier)
  2. Mobilisation des municipalités de Sâles et de Vallières-sur-Fier aidées par l’association « Les amis du Vieux Rumilly » sensible à tout ce qui touche le patrimoine pour faire les démarches nécessaires auprès de partenaires financiers (Département, Région, Etat) susceptibles d’aider les deux communes propriétaires du pont à décider l’opération de restauration du pont
  3. Décision des deux communes de confier la maîtrise d’ouvrage à Sâles et la maîtrise d’œuvre à la D.D.E. (service gestion routière et transports – cellule ouvrages d’art)
  4. Les travaux proprement dits après le choix des entreprises retenues par appels d’offres
    o Reprise de la culée rive droite par l’entreprise SOGETRAM) ancrages dans la mollasse, coulage du béton armé, environ 60 m3) spécialiste de travaux subaquatiques (25 % de la dépense totale)
    o Démolition et reconstruction des murs de soutènement et des parapets, rejointoiement des pierres taillées, etc Entreprise FREYSSINET (d’octobre 2001 à janvier 2001 (55 % de la dépense totale)
    o Travaux annexes tels que remise en état des chemins d’accès au pont, pavage du pont, traitement des eaux pluviales, etc… fin 2001 – début 2002 (20 % de la dépense totale)

En novembre 2015, il a été inscrit en totalité au titre des monuments historiques puisque il a été pris en compte le fait que « sa conservation permet de comprendre et de matérialiser le tracé des axes de communication majeurs dans le duché de Savoie à la période moderne.